Comment la chirurgie orthopédique traite-t-elle les malformations congénitales des membres ?
Certaines personnes naissent avec une malformation congénitale des membres, c’est-à-dire une anomalie de développement osseux, articulaire ou musculaire survenue in utero. Ces déformations, souvent visibles dès la naissance, peuvent concerner le pied, la jambe ou le genou et altérer la posture, la marche ou la croissance. La chirurgie orthopédique a pour objectif de corriger ces anomalies, d’améliorer la fonction du membre et de permettre une vie quotidienne normale.
Comprendre les malformations congénitales des membres
Une malformation congénitale correspond à une anomalie de forme, de longueur ou d’orientation d’un os, d’une articulation ou d’un ensemble anatomique.
Les plus fréquentes au niveau du membre inférieur sont :
- Le pied bot varus équin : le pied est tourné vers l’intérieur et vers le bas, rendant la marche difficile sans traitement
- Le métatarsus varus : déviation interne de l’avant-pied, souvent détectée à la naissance
- La dysplasie du genou (rotule instable, malformation fémoro-patellaire)
- Les inégalités de longueur entre les deux membres inférieurs
- Les déviations axiales (genu varum, genu valgum)
Ces anomalies peuvent être isolées ou s’intégrer à un syndrome plus global. Leur retentissement dépend de leur importance fonctionnelle : certaines restent bien tolérées, d’autres nécessitent une correction chirurgicale pour prévenir des troubles durables de la marche et de la croissance.
Objectifs du traitement chirurgical
L’objectif de la chirurgie orthopédique est double : corriger la déformation pour rétablir l’axe et la longueur du membre et restaurer la fonction articulaire et musculaire, afin d’obtenir une marche stable et indolore.
Le traitement est personnalisé selon :
- l’âge du patient
- la nature de la déformation
- la croissance osseuse restante
- et les attentes fonctionnelles (activité, sport, autonomie)
Chez l’enfant, l’enjeu est de guider la croissance pour éviter les récidives ; chez l’adulte, il s’agit plutôt de restaurer l’équilibre et la stabilité articulaire.
Les principales techniques chirurgicales
1. Les ostéotomies correctrices
Il s’agit de sections osseuses contrôlées permettant de réaligner un segment du membre.
- Au genou, une ostéotomie tibiale ou fémorale corrige un genu varum (jambes arquées) ou un genu valgum (jambes en X)
- Au pied, une ostéotomie métatarsienne peut repositionner l’avant-pied ou corriger une torsion osseuse. Le chirurgien fixe ensuite l’os par plaques et vis pour maintenir la correction jusqu’à consolidation
Ces interventions offrent d’excellents résultats fonctionnels lorsque la déformation est bien localisée et que l’articulation reste souple.
2. Les techniques d’allongement ou de correction progressive
Dans les inégalités de longueur ou les déformations complexes, on utilise des dispositifs d’ostéosynthèse externe (fixateur d’Ilizarov, fixateur hexapode) ou internes (clous télescopiques motorisés). L’allongement s’effectue progressivement, à raison de quelques millimètres par jour, permettant à l’os, aux muscles et à la peau de s’adapter sans traumatisme.
Cette méthode demande un suivi rigoureux mais permet de rétablir une symétrie et un appui équilibré.
3. La chirurgie des malformations de l’enfance
Le pied bot varus équin, la malformation congénitale la plus fréquente, est souvent traité d’abord par des méthodes orthopédiques (manipulations, plâtres successifs, attelles type Ponseti).
Lorsque la déformation persiste, une chirurgie correctrice est envisagée : libération des tissus rétractés, réalignement osseux et repositionnement tendineux. Le but est d’obtenir un pied stable, fonctionnel et indolore, sans perturber la croissance.
4. Les greffes osseuses et reconstructions
Certaines malformations s’accompagnent d’un défaut de développement osseux. Dans ce cas, le chirurgien peut recourir à une greffe osseuse (autogreffe, allogreffe ou biomatériau) pour combler les manques et assurer la solidité mécanique.
Ces gestes sont fréquents dans les reconstructions du pied et de la cheville, notamment après chirurgie correctrice ou allongement.
Le rôle clé de la rééducation
Après la chirurgie, la rééducation joue un rôle essentiel.
Elle vise à :
- restaurer la mobilité articulaire
- renforcer la musculature
- réapprendre la marche et la posture
- prévenir les récidives de déformation
Le protocole est progressif et adapté à chaque patient, souvent encadré par des kinésithérapeutes spécialisés.
En conclusion
La chirurgie orthopédique offre aujourd’hui des solutions fiables et précises pour corriger les malformations congénitales des membres. Grâce à des techniques adaptées à chaque âge et à chaque type de déformation, il est possible d’obtenir un membre fonctionnel, stable et indolore.
En s’appuyant sur une expérience approfondie du membre inférieur, le Dr Polle accompagne chaque patient dans un parcours global, de la consultation au suivi post-opératoire, avec un objectif unique : restaurer la mobilité et la qualité de vie sur le long terme.